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Tangentes intimes juste gommées

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Présentation

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En premier, le dessin. Comme un jeu du crayon, des tendons et des yeux. Juste un laisser venir.

Ensuite, toujours dans un deuxième temps, le texte. Une page, pas plus, en écho du dessin. Une réverbération sans rime ni raison. Une façon de creuser la raison du dessin. Raison que je ne connais pas mais que je peux tenter de délimiter, puisque je sens que c'est moi-même qui suis en cause, dans l’origine comme dans les répercutions.

Et là, tout à coup, ce n’est plus un jeu.

Ce texte que j’ai laissé venir, qui découvre ce que je ne cherchais pas, je sais qu’il doit être dit, pas couché dans un livre mais porté, clamé par ma voix, corps présent.

Alors je le donne. Sur des scènes slam, tout d’abord.

Par la suite - de nouveaux dessins ayant apporté de nouveaux textes - je vais au devant d’un public plus large : dans le OFF des festivals (Voix de la Méditerranée à Lodève, Voix Vives à Sète, Marché de la Poésie à Paris, Festival d’Avignon, etc.) mais également sur scène puisque j’ai écrit, monté et joué un one-man-show poétique pour les présenter conjointement aux dessins : Petit Prince au repêchage.

Et finalement ce n’est qu’en touchant à la dense attention d’un public que je l’ai su, que c’était ça, la poésie :

un soin, une offrande et un lien.

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Ce travail a fait l'objet d'une émission sur France Culture (Ça rime à quoi du 05.12.2009)

https://www.franceculture.fr/emissions/ca-rime-quoi/dani-el-carni

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Extraits

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Je peux vous assurer qu’il y a eu un temps

où je ne faisais pas la différence

entre arc de cercle et parabole

au moment d’arrondir les épaules

mais ce n’est plus le cas : je me suis voulu arc

je dis bien arc et non pas… projectile.

 

Je peux vous assurer qu’il y a eu un temps

où je ne faisais pas la différence

entre puzzle et pagaille

au moment d’ausculter mes entrailles

mais ce n’est plus le cas : je me suis mis en pièces

attention… mis en pièce et pas éparpillé.

 

Je peux vous assurer qu’il y a eu un temps

où je me tenais droit

pile dans l’axe

dressé sur cette fourche de signe négatif

comme sur une croix plongeant jusqu’à l’humus

écartelé par le faisceau des présomptions

raide, tendu comme le fil à plomb

mais ce n’est plus le cas : je me suis désaxé.

Je n’ai pas dit parti en vrille, j’ai  bien dit désaxé.

La taille pour commencer

puis le bassin

puis les épaules aussi, même sans le balancier des seaux,

et le foulard et le chignon et la chemise nouée

et le nombril où les 8 viennent boire

précisément,

comme dans ce film : « Les Désaxés »

l’hystérie des filles malmenées en moins, bien sûr,

donc sans sauter de la barrière,

donc sans pleurer dans la poussière,

sans la panique du scorpion pour encercler mon feu.

 

Que voulez-vous

je me suis désaxé…

je suis sorti de l’axe.

Vous m’avez vu danser,

à pas glissés, à reculons,

prenant d’avance sur ma traine juste ce qu’il faut pour s’envoler ?

Vous m’avez vu en satellite,

ouvrant mon crâne comme un tourelle à D.C.A.

viser la lune et décocher mes traits ?

Je suis une arbalète, je suis tendu à bloc.

Je peux vous assurer que vous n’avez rien vu :

je jure de ne jamais reprendre le position repos.

L'axe

La langue

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L’idée serait…

qu’il faut tirer la langue

loin

hors de portée des épées courbes et des toupets de casoars

loin

jusqu’au galet nodal qu’il faudra dégueuler

rose, gris, beige ou noir.

 

Plisser les yeux, laisser venir, plisser les yeux.

L’ombre portée de nos doigts gourds,

la suivre,

l’agonir de caresses

jusqu’à en soulever la trace.

 

Laisser venir, jamais gommer, laisser venir.

Accepter toutes les excroissances :

crêtes, voiles, branches ou mèches rebelles

puisqu’elles nous délimitent au delà du contour.

 

Jamais gommer, laisser monter, jamais gommer.

Malgré le poids sur les épaules,

malgré la soif et la fatigue,

en dépit de la fragilité qui est notre charpente,

laisser monter.

Laisser monter

le profil et les fanes,

les rites et les ratures,

la mosaïque si peu jointive de nos nervures.

Laisser monter

et puis...

trembler en se reconnaissant :

« C’est petit, c’est étroit un corps d’humain debout dans le plein feu des phares »

Trembler et jubiler pourtant :

« C’est immense, c’est sans fond, un corps d’homme-fakir sur le chaume des lettres,

fuyant de toutes parts, transpercé d’écriture,

tiré par une langue

qui s’invente

sous ses yeux ».

Nombre des textes de ce recueil sont disponibles à l'écoute sur Soundcloud

https://soundcloud.com/dani-el-carni 

voir la playlist "Tangentes intimes"

https://soundcloud.com/dani-el-carni/sets/tangentes-intimes

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